N° 04 - Mai 2005
 
 

Parole donnée : Benoît Cajat, interne et futur généraliste

Benoît Cajat, jeune interne en médecine générale à Clermont-Ferrand et Président du SARHA (Syndicat autonome des résidents et internes en médecine générale des hôpitaux d'Auvergne), a accepté de rencontrer l'équipe de Professions Santé Auvergne (PSA) et de nous présenter son parcours, ses attentes et ses espoirs quant à l'avenir de la médecine générale.

PSA > Pourquoi avoir fait le choix de la médecine générale ?

BC > A l'heure actuelle, à Clermont-Ferrand, nous sommes 124 internes de médecine générale répartis sur trois ans. Après avoir réussi le concours de l'internat, ancienne formule, j'ai fait le choix de m'orienter en médecine générale. J'effectue actuellement mon 5e semestre (sur 6 au total) au SAMU 63. Un épisode intéressant lors de ma formation : j'ai réellement découvert la médecine générale lors de mon stage effectué chez les praticiens auprès des docteurs P. Vorilhon à Montferrand et V. Tournilhac à Murol. De plus, depuis mai 2004, j'effectue des remplacements en zone péri-urbaine qui me permettent de vivre le quotidien des médecins généralistes.

On peut déplorer que durant notre deuxième cycle d'études médicales, aucun stage ne soit proposé pour découvrir la médecine générale. Nous sommes formés par des spécialistes de services hospitaliers, valorisant la spécialité technique aux dépens des actes de soins courants, ainsi que le travail en équipe, en structure suréquipée aux dépens du cabinet. Or, il est nécessaire que soit créée une filière universitaire de médecine générale (FUMG) avec des chefs de cliniques et des professeurs de médecine générale. Puisque la médecine générale doit être reconnue comme une spécialité à part entière, il faut que l'examen de l'internat ne valide que des candidats ayant la moyenne, ce qui n'est actuellement pas le cas. Le nouvel internat ne nous satisfait pas pleinement tant au niveau de la répartition généralistes - spécialistes, que de la formation et du choix de la faculté. Ces critiques tendent à faire évoluer les choses vers la pratique d'une médecine générale de qualité.

PSA > Que pensez-vous de la convention ?

BC > Une réforme était nécessaire, pour responsabiliser tant les patients que les personnels soignants mais la demande que j'exprime au travers de mon syndicat est la reconnaissance du médecin généraliste en tant que seul médecin traitant. Parallèlement, cette option obligatoire nous inquiète : comment trouver une nouvelle patientelle alors que tous les patients potentiels seront inscrits chez un médecin lorsque nous nous installerons ? Dans nos récentes discussions avec monsieur le ministre Douste-Blazy, un moratoire autour de l'installation serait à l'étude.

Je trouve que le parcours de soins permet de valoriser le rôle du médecin traitant, s'il est généraliste mais on demande beaucoup d'efforts et d'économies aux seuls médecins généralistes et assez peu aux spécialistes, notamment hospitaliers (la mise en place de la T2A changera peut-être "la donne", quand 58 % des dépenses de santé publique sont consommées par la seule hospitalisation). En ce qui concerne les génériques, c'est une très bonne chose à laquelle notre génération est parfaitement formée, cependant les pharmaciens devraient être plus en charge de cette substitution systématique. Pour moi l'application de la réforme à l'avenir sera plus facilement effective, car les nouvelles générations de médecins généralistes ont été formées à la polyvalence et sont sensibles aux économies de santé. Ce fait est accentué par une démographie médicale en baisse qui ne génère pas de surenchère concernant des actes ou prescriptions médicales.

PSA > Comment envisagez-vous votre installation ?

BC > Les nouveaux internes espèrent avoir une qualité de vie préservée. Il ne s'agit pas de demander au médecin de travailler 35 heures mais de respecter une qualité de vie proportionnelle au nombre d'années d'études effectuées. La médecine n'est pas un sacerdoce, mais un métier à exercice libéral qui doit laisser la place à la vie de famille, comme pour tout autre Français. La façon dont j'envisage l'exercice de ma profession est très proche de celle de la majorité des internes comme le montre une étude réalisée dans la région de Lille.

Consultez l'étude présentée dans la revue du praticien, n° 688 - 689, 4 avril 2005, tome 19
(disponible en ligne avec l'accord de l'auteur, Robin Semal).

PSA > Enfin, comment voyez-vous l'avenir de la médecine générale?

BC > L'avenir de la médecine générale repose sur l'évolution des conditions d'exercice (qualité de vie préservée, notamment familiale). Il s'agit d'un exercice facilité par des aides pérennes, un exercice en groupe, une meilleure organisation de la permanence des soins, de nouveaux outils pour faciliter le travail administratif, une meilleure connaissance du dossier du malade et surtout, d'un médecin généraliste reconnu comme spécialiste.

 

     

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