N° 34 - Février 2008
 

Cancer colorectal : parole donnée au professeur Michel Dapoigny

Le professeur Michel Dapoigny (service d’hépato-gastro-entérologie du CHU de Clermont-ferrand) responsable du dépistage du cancer colorectal pour l’Association régionale des dépistages organisés du cancer (ARDOC), a accepté de rencontrer le docteur Catherine Simon-Voldoire lors du lancement du programme de prévention du cancer colorectal dans les départements du Cantal et de la Haute-Loire et de nous parler de son expérience pour le Puy-de-Dôme.

CSV > Vous êtes responsable du programme de dépistage du cancer colorectal pour l’ARDOC  Dans le Puy-de-Dôme, ce programme a démarré en mai 2004. Pouvez-vous nous parler de cette expérience?

Pr MD > Le Puy-de-Dôme a été département expérimental. Lors de l’appel à candidature par la Société nationale française de gastro-entérologie, le dossier de l’ARDOC a été retenu car il répondait aux exigences de qualité du programme de dépistage. J’ai donc participé à ce projet en tant que gastro-entérologue hospitalier, avec le docteur Bernard Lunaud (gastro-entérologue privé), le professeur Laurent Gerbaud (Santé publique) et 3 médecins généralistes, les docteurs Gérard Blanchet, Jacques Nesme et Gilles Clément.
Les médecins généralistes ont été largement associés à ce dépistage et nous avions organisé la formation avec tous les gastro-entérologues privés, en binôme avec un médecin généraliste et par secteur. La présentation était réalisée par le médecin généraliste et le gastro-entérologue était là pour apporter son appui technique aux questions posées.

CSV > Effectivement en 2004, j’avais pu participer à cette information à Issoire. J’avais pu constater qu’elle était particulièrement suivie par les médecins généralistes et interactive avec une appropriation de cet enjeu de santé publique. Depuis le lancement de cette action dans le Puy-de-Dôme que pouvez-vous nous dire?

Pr MD > La montée en charge est progressive pour 2005 : 44 % des personnes invitées au dépistage ont  réalisé un Hemocult® et en 2006 : 48,5 %.
Pour 2007, nous n’avons pas encore d’évaluation précise mais nous avons déjà constaté une progression des adhésions, peut-être en partie liée à une simplification par rapport à la procédure initiale. En effet, lors de la deuxième relance, l’ARDOC adresse l’Hemocult
® à la personne concernée accompagné d’une notice d’utilisation et précisant les cas d’exclusion du dépistage). Nous avons besoin d’une plus forte participation de la population car la réduction du nombre de décès par cancer colo-rectal ne sera significative que si plus de 50 % de la population invitée accepte de participer à ce programme.

CSV > Combien de cancers ont pu être dépistés depuis 2004 dans le Puy-de-Dôme ?

Pr MD > Sur les deux premières années, 125 cancers et 242 adénomes à risque important de dégénérescence (de plus de 10 mm de diamètre) ont été dépistés.

CSV >Depuis 2004 utilise-t-on toujours le même test ?

Pr MD > Nous utilisons toujours l’Hemocult® 2 car les nouveaux, bien que plus sensibles, ne sont pas plus spécifiques. Ils n’apportent donc pas d’amélioration au plan diagnostic, si ce n’est que d’induire plus de coloscopies par une augmentation du nombre d’Hemocult® positifs.
Il est vérifié que 2 à 2,5 % des tests effectués reviennent positifs. Or, pour 1 cas sur 2, on retrouvera une lésion : cancer ou adénome.

CSV > N’y a-t-il pas eu de problèmes pour réaliser un plus grand nombre de coloscopies dans le département du Puy-de-Dôme ?

Nous avions calculé au moment du lancement de l’opération que le nombre de coloscopies du fait du dépistage pourrait entraîner en moyenne et par gastro-entérologue, 2 coloscopies supplémentaires par semaine.

Par contre, il me semble important d’insister, auprès de nos confrères médecins traitants, sur un point important :

  • cette réflexion est liée au constat réalisé : toutes les personnes ayant eu un retour avec Hemocult® positif n’ont pas réalisé une coloscopie. Pour vous donner un exemple précis, sur la première campagne, seuls 80% des Hemocult® positifs ont été suivi d'une coloscopie. On peut donc estimer que sur les 129 personnes qui n’ont pas réalisé la coloscopie, 12 ou 13 ont un cancer non diagnostiqué (10 % de cancer) et 25 ont un adénome de plus de 10 cm.
  • Il est également important de préciser à nos confrères de ne surtout pas céder à la pression de leurs patients qui, lors d’un test positif, souhaitent refaire un Hemocult® avant d’aller faire une coloscopie.

Que feront les médecins si le deuxième test est négatif pour convaincre ces personnes de réaliser une coloscopie ?
Dans le cadre du dépistage qui est une démarche de santé publique nous ne sommes pas sur les mêmes critères de certitude que pour des soins individuels.

Contactez l’ARDOC : Association régionale de dépistage organisé des cancers
7, rue Edith Piaf
63039 Clermont-Ferrand Cedex 2
Tél. : 04 73 43 06 60 - Fax : 04 73 43 06 69

 

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