Programme antibiotiques : le cap est franchi en Auvergne

La consommation des antibiotiques fait partie des objectifs conventionnels. Au terme de cinq ans de programme antibiotiques conduit par l’Assurance Maladie, un bilan a été réalisé par monsieur Frédéric Van Roekeghem, directeur général de l’UNCAM (1), à l’occasion d’une conférence de presse.
Il apparaît que depuis 2002, la consommation a reculé de 23,4 % (2) en France et de 26 % (2) en Auvergne, classant ainsi notre région en 6ème position. L'implication des professionnels de santé et de la petite enfance et celle des assurés Auvergnats a permis d’atteindre l’objectif de - 25 % fixé par l’Assurance Maladie.

Pour autant, l’atteinte de l’objectif ne permet pas de baisser la garde. La situation des résistances bactériennes reste toujours préoccupante. Le recul de l’utilisation des antibiotiques constitue une étape nécessaire pour préserver des ressources thérapeutiques très précieuses. L’absence d’innovation ne permet plus de renouveler les solutions thérapeutiques disponibles. Réduire encore le recours inapproprié aux antibiotiques, c’est préserver notre santé et celle des générations futures. La poursuite de la mobilisation est donc nécessaire.

Un changement qui s’ancre en profondeur
Plus encourageant encore, ce recul se poursuit dans la durée, et mieux encore, il s’accélère depuis 4 ans (- 6,3 % pour l’hiver 2006/07 contre - 4,6 % pour l’hiver 2005/06, en France). Au total, le recul de la consommation d’antibiotiques équivaut à près de 27 millions de traitements évités soit environ 850 millions d’euros de d’économie depuis le début du programme.

Les enfants de 0 à 5 ans, traditionnellement gros consommateurs d’antibiotiques en France, sont les premiers à bénéficier de cette baisse : dans cette tranche d’âge, le recul est supérieur à 34 %, soit 6,4 millions de traitements évités depuis 2002.
C’est pour les plus jeunes (les 0/15 ans) que l’Auvergne enregistre le moins bon score. Elle se positionne au 10ème rang avec un recul de - 35,6 %, la moyenne nationale étant de - 34 %.

Mais l’enjeu sanitaire demeure entier
Malgré la baisse conséquente enregistrée, la France est toujours le 2 ème pays le plus consommateur d’antibiotiques en Europe, juste derrière la Grèce (3). Si la consommation ne constitue pas l’unique facteur de développement des résistances bactériennes, on constate que plus les antibiotiques sont utilisés dans un pays, plus la résistance bactérienne y est conséquente (source Goosens et al. Lancet 2005) ; c’est pourquoi la France compte aussi parmi les pays européens les plus touchés par ce phénomène. Ainsi, le taux de résistance du pneumocoque à la pénicilline en 2006 (36 %) (4) est un des plus élevé d’Europe avec celui observé en Roumanie.

Les menaces que fait planer la résistance bactérienne aux antibiotiques sur la santé publique sont réelles. Cette résistance compromet l’efficacité des traitements. Elles imposent un recours extrêmement vigilant aux antibiotiques pour ne pas épuiser inutilement cette ressource thérapeutique.

Sans cet usage «durable», des infections aujourd’hui bénignes comme les infections urinaires (cystites féminines, pyélonéphrite aiguë) ou intestinales provoquées par le colibacille pourraient ainsi connaître, selon les experts, une recrudescence et deviendraient plus graves. De même, les traitements des pathologies dues au pneumocoque (comme les pneumonies ou l’otite) par les pénicillines ne garderont pas un niveau d’efficacité satisfaisant.

Le programme antibiotique 2007/2008 de l’Assurance Maladie : un nouvel élan
Le professeur Allemand, médecin conseil national à la CNAMTS (5), décline les différentes étapes du programme antibiotiques 2007 – 2008 :

Le grand public : un changement de cap…
Il faut dépasser l’affirmation « les antibiotiques, c’est pas automatique ». Uniquement 46 % des patients savent que 8 infections ORL sur 10 sont virales et se soignent sans antibiotiques. Il faut donc repréciser l’usage et l’utilité des antibiotiques dans la stratégie thérapeutique.
La nouvelle campagne télévisée et le nouveau site Internet antibiotiquespasautomatiques.com répondent à cette ambition pédagogique.

Les médecins : une ré-implication sur le bon usage des antibiotiques…
L’Assurance Maladie poursuit sa collaboration avec les médecins, acteurs majeurs du programme antibiotiques, grâce à un programme d’accompagnement individuel assuré par les délégués de l’Assurance Maladie. Depuis septembre 2007, c’est près de 25 000 médecins, les plus gros prescripteurs d’antibiotiques, qui ont été rencontrés par les délégués de l’Assurance Maladie (DAM) avec remise de leurs profils de prescriptions accompagnés de «mémos», recommandations Afssaps et coûts des différents traitements.

La diffusion du Test de diagnostic rapide (TDR) de l’angine actuellement réalisée par l’Assurance Maladie auprès des généralistes, pédiatres et ORL a été étendue aux établissements hospitaliers, notamment à leurs services d'urgences. Les hôpitaux ayant signé l'accord-cadre sur le bon usage des antibiotiques et c’est le cas de 16 établissements en Auvergne (l’objectif étant de 17), qui peuvent dorénavant bénéficier de la mise à disposition de ces tests par l'Assurance Maladie.

Les assistantes maternelles : une sollicitation comme public relais…
Avec près de 800 000 enfants qui naissent chaque année en France, les professionnels de la petite enfance constituent un public relais essentiel à sensibiliser. L’Assurance Maladie prolonge donc ses actions auprès du personnel des crèches et des haltes-garderies ; elle les étend en s’adressant désormais aux assistantes maternelles qui gardent environ un quart des enfants de 0 à 3 ans. Au cours du premier trimestre 2008, 50 000 DVD d’information sur le bon usage des antibiotiques leur seront diffusés par les caisses de l’Assurance Maladie afin d’en faire des relais d’information auprès des jeunes parents.

Consommation d’antibiotiques Résultats 2007 (2)

Taux de variation % cumulé 2007/2002

1 - UNCAM : Union nationale des caisses d'assurance maladie,
2 - Suivi de l’évolution de la consommation d’antibiotiques hivernale corrigée des pics épidémiques depuis 2002 - Résultats Pasteur/Inserm,
3 - Données du réseau ESAC 2004 (European Surveillance of Antimicrobial Consumption),
4 - D’après les résultats préliminaires 2006 du Centre national de référence pneumocoques. Dr Emmanuelle Varon, Laboratoire de microbiologie, AP-HP, Hôpital Georges Pompidou,
5 - CNAMTS : Caisse nationale d’Assurance Maladie des travailleurs salariés.