N° 29 - Septembre 2007
 

 

Parole donnée à Benoît Cottrelle

Benoît Cottrelle, médecin épidémiologiste à la Cire (Cellule interrégionale d’épidémiologie) a accepté de nous présenter le fonctionnement et les fondements des missions de cette structure.

PSA > Pouvez-vous vous présenter en quelques mots ?

BC > Médecin généraliste de formation, j’ai beaucoup travaillé outre-mer notamment dans les centres de santé, ce qui m’a donné ensuite l’envie de travailler dans le secteur de la santé publique. J’ai ainsi passé le concours de médecin inspecteur de santé publique en 1996.
Après avoir effectué 1 an de formation à Rennes, j’ai intégré pour 2 ans la DRASS de Rouen. C’est en tant que médecin inspecteur puis médecin inspecteur régional que j’ai ensuite travaillé 5 ans à la DSDS de Cayenne (Direction de la santé et du développement social).

J’ai toujours été attiré par l’épidémiologie de terrain, la veille et la gestion des situations d’urgence sanitaires. J'ai donc rejoint la Cire Auvergne lors de sa création en juillet 2004.

PSA > Qu’est-ce qu’une Cire ?  

BC > Les Cellules interrégionales d’épidémiologie (Cire) sont, en quelque sorte, les antennes régionales de l'Institut de veille sanitaire (InVS).

Elles animent et coordonnent la veille sanitaire en région et fournissent aux services déconcentrés de l'État un appui méthodologique et une expertise indépendante des signaux d’alerte sanitaire.
Les premières Cire ont été crées en 1996 sur une structure inter régionale. On compte aujourd’hui 15 Cire en France métropolitaine et deux en Outre-mer. Les Cire, rattachées au niveau administratif aux Directions régionales des affaires sanitaires et sociales (DRASS), dépendent sur le plan scientifique de l'InVS.
Cette organisation résulte de la volonté de séparer l’expertise de la gestion. Pour les expertises le champ d’action se situe en amont des alertes pour venir en appui des DDASS.
Nos équipes sont constituées de personnes d'origine professionnelle différente (médecins, ingénieurs, statisticiens, etc.), mais tous formés à l'épidémiologie de terrain ou à l'évaluation de risque.

PSA > Quelle est l’articulation entre l’action de l'InVS, de la Ddass et de la Cire ?

BC > Au niveau national, l'InVS gère la surveillance et l’observation permanente de l’état de santé de la population, assure la veille et la transmission de l’alerte au ministère de la Santé qui est chargé de la gestion des situations d’urgence pour lesquelles l'InVS peut également apporter un appui.
Au niveau local, c’est la DDASS qui est chargée de l’alerte et de la gestion des situations d’urgence sous l’autorité du préfet de département.
La Cire vient en appui de la DDASS, car elle a développé une expertise, une compétence de terrain. Elle joue le rôle d’animateur régional de la veille en mettant en place des formations, des outils, des retours d’expérience. Par ailleurs, elle peut intervenir sur le terrain en cas de situation d’urgence (évaluation, investigation pilotées avec la DDASS).

PSA > Quels sont les champs d’action de la Cire ?

BC > Essentiellement, les maladies infectieuses et la santé environnementale. Ces champs pourraient éventuellement être élargis aux maladies chroniques, aux expositions professionnelles, etc.
Nous mettons en place par exemple tous les étés une surveillance par rapport à la canicule, nous intervenons lors de la survenue de cas groupés ou d'épidémies dans des collectivités (écoles, maisons de retraite, etc.). C’est ainsi qu’en 2004, après le recensement d’une vingtaine de cas d’hépatite A, a été mise en place une vaccination généralisée d’un groupe d’enfants scolarisés et de leur famille.
Nous intervenons dans le circuit de la surveillance des maladies à déclarations obligatoires uniquement à la demande de la DDASS.

Sur le plan environnemental, nous sommes amenés à faire des évaluations de risques lors de dépassement de normes ou de pollution accidentelle. (Risques sanitaires pour une population exposée à une eau de boisson contenant du plomb dans une collectivité d’enfants par exemple).

PSA > Quelles sont les perspectives de la Cire ?

BC > Un gros volet va se développer dans les régions sur la surveillance non spécifique, c'est-à-dire la surveillance d’une activité globale. Contrairement à la surveillance spécifique, centrée sur une maladie, cette veille s’appuie sur le recueil de données d’activité et de données individuelles, tel le flux aux urgences, ou l’affluence pour SOS médecins.

Il est important de surveiller ces indicateurs pour alerter. L’informatisation des établissements nous y aidera..

PSA > Comment se met en place la veille sanitaire ?

BC > La veille est organisée, d'une part, à partir des réseaux et des systèmes de surveillance (MDO, médecins sentinelles, urgences, laboratoires en lien avec les CNR [Centre nationaux de référence]). Il existe actuellement deux réseaux sentinelles que nous souhaitons renforcer et développer sur la région. Un animé par l’Inserm, avec un site dédié, surveille 14 maladies (sentiweb) et l’autre, spécifique de la grippe, intitulé GROG (groupes régionaux d’observation de la grippe) formé de médecins généralistes, de pédiatres et de laboratoires chargés d’analyser les prélèvements. L’Auvergne est la seule région où le GROG n’est pas encore installé.
D'autre part, l’importance du signalement est à souligner. Toute personne (professionnels de santé, responsables d’établissement, d’institutions, etc.) susceptible de constater qu’une situation peut être dangereuse pour la population doit en alerter la DDASS. Cette dernière est vraiment le point central de la réception et de la gestion des alertes et les professionnels de santé ont donc un rôle de vigilance important à jouer.

PSA > Le mot de la fin ?

BC > La veille sanitaire doit être prise au sérieux. Il s’agit d’une activité par essence non programmée qui demande une grande disponibilité. La qualité de l'évaluation d'un évènement est essentielle pour mettre en place rapidement des mesures de contrôle adaptées. Il est donc important que la veille sanitaire fasse partie prenante de la culture de l'ensemble des professionnels de santé.

En cas de signalement contactez la DDASS ou la Préfecture en dehors des heures ouvrables :

DDASS de l'Allier
Tél. 04 70 48 10 28
Fax : 04 70 48 10 03
Préfecture : 04 70 48 30 00

DDASS de Haute-Loire
Tél. 04 71 07 24 00 ou 23
Fax : 04 71 02 91 25
Préfecture : 04 71 09 43 43

DDASS du Cantal
Tél. 04 71 46 83 04 ou 27
Fax : 04 71 46 83 53
Préfecture : 04 71 46 23 00

DDASS du Puy-de-Dôme
Tél. 04 73 74 49 00
Fax : 04 73 92 55 70
Préfecture : 04 73 98 63 63


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