Santé publique : parole donnée à ...
La loi relative à la politique de santé publique du 9 août 2004 a prévu la création des groupements régionaux de santé publique au sein desquels l’Assurance Maladie participe en tant que membre et cofinanceur des programmes de santé publique qu’ils ont définis.
En 2007, le GRSP Auvergne est opérationnel pour déployer les programmes et actions nécessaires à la mise en œuvre des programmes régionaux de santé publique.
Pour en savoir plus nous avons rencontré Mme Michèle Tardieu, directrice adjointe du GRSP et Mme le docteur Marie-Françoise André, médecin conseil chef, chargée du pôle prévention et promotion de la santé à la Direction régionale du service du contrôle médical Auvergne et responsable du programme «Maladies cardio vasculaires».
Docteur Marie-Françoise André |
PSA > Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
MFA > Je suis née à Nancy et Auvergnate de cœur depuis 20 ans. J’exerce la fonction de médecin conseil, chef de service au Puy-en-Velay, j’ai également la responsabilité du pôle Prévention du Service du contrôle médical pour la région Auvergne. Comme vous le savez, la prévention qui s’appuie sur le médecin traitant est une des priorités de l’Assurance Maladie, décrite dans son projet d’entreprise 2006-2009.
PSA > Quel est votre rôle au sein du GRSP ?
MFA > Je suis responsable du programme de santé «Maladies Cardiovasculaires» (MCV) en binôme avec Bertrand Coudert , chargé de prévention à l’URCAM Auvergne.
A ce titre, je contribue avec le Comité de Pilotage à la «priorisation» des actions financées par le GRSP et je participe aux Comités des programmes de cette instance.
PSA > Quelle est la composition de votre groupe de travail ?
MFA > Le Comité de pilotage (COPIL)* , constitué d'une quinzaine de personnes, regroupe des spécialistes du domaine des maladies cardio vasculaires, des représentants des professionnels de santé, des représentants des associations de patients et des représentants en méthodologie de projets (DDASS, Assurance maladie des 3 régimes).

* Comité de pilotage programme MCV
Mmes Mfarie-Claude AUBERGER et Françoise DUBERNET (CPAM 03)
Dr BINON (URML)
Professeur Yves BOIRIE (Centre de recherche Humaine en Nutrition, CHU de Clermont-Ferrand)
Professeur Jean CASSAGNES (CHU Clermont-Ferrand, Fédération Française de cardiologie)
Dr Sylvère CHATELIER (AROMSA)
Dr Catherine DE LA CELLE (Centre d’examens de Santé ISBA)
Dr Marie-Claire D’AGROSA BOITEUX (Clinique de Durtol)
Dr Brigitte DUBRAY (Inspection régionale du travail),
Dr Emmanuel FONT (CH d’Aurillac)
Dr Roselyne GATEAU (DRASS Auvergne)
Professeur Laurent GERBAUD (Santé publique CHU Clermont-Ferrand)
Mme GODARD (Conseil de l’ordre des Pharmaciens)
Mme LEONCE (Association DIABET63)
M. Francis MONTEIL (RSI)
Dr Jean PERRIOT (Dispensaire Émile Roux)
Mr Jean-Luc POURTIER (CPAM 63)
Dr Jean-Jacques VEILLARD (URML)
Mme Isabelle VISY (Comité Départemental d’éducation pour la Santé du Cantal)
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PSA > Qui fixe les objectifs du groupe de travail ?
MFA > L’objectif général est fixé dans le plan régional de Santé Publique adopté par la Conférence régionale de santé.
Il s’agit d’obtenir une diminution régulière de la mortalité par maladie cardio-vasculaire, inscrite dans la durée, de sorte que la performance de la région dans ce domaine se rapproche de la moyenne française.
Les objectifs intermédiaires sont déterminés dans le cadre du COPIL et déclinés en axes de travail. Deux objectifs intermédiaires ont été fixés par le comité de pilotage :
- promouvoir l’adoption de comportements favorables à la santé, dès le plus jeune âge et quel que soit le statut socio-économique de la personne,
- améliorer le taux de survie et la qualité de cette dernière par des progrès dans la prise en charge des malades cardio-vasculaires.
Il me parait important de préciser que c’est un travail d’équipe qui s’enrichit du regard de l’autre. Il se crée une véritable synergie entre tous les membres du COPIL pour s’impliquer et développer des actions cohérentes.
PSA > Qui fixe les critères d’acceptabilité des dossiers ?
MFA > Le cadre est fixé par le GRSP. Les promoteurs d’actions s’inscrivent dans les axes de travail définis.
Les critères de recevabilité des projets portent sur :
- la pertinence et la qualité de l’action : définition claire et précise des objectifs en cohérence avec le programme, les publics ciblés,
- la démarche retenue : les projets d’action doivent s’inscrire dans une démarche coordonnée et territorialisée,
- l’évaluation : pour des actions renouvelables, les actions financées en 2006 doivent être évaluées.
Tous les dossiers sont analysés par les membres du COPIL. Ce travail d’analyse permet de décider ensemble des actions à financer.
PSA > Quelle est la contribution et quel est le rôle des professionnels de santé au sein du groupe de travail ?
MFA > Les professionnels de santé siégent au COPIL. Par leur connaissance des soins d'aujourd'hui et de demain, ils fixent la pertinence des axes de travail et des actions à développer.
PSA > Comment se concrétisent vos décisions ?
MFA > Par une sélection rigoureuse des dossiers, par l’évaluation des actions déjà mises en place et par la proposition d’un plan d’action clairement défini.
PSA > Quelles sont les perspectives du groupe de travail pour 2008 ?
MFA > Après une première année de mise en place, le COPIL va poursuivre sa mission en conduisant et valorisant des actions de plus en plus efficaces pour réduire la surmortalité auvergnate dans le domaine des maladies cardio-vasculaires.
En résumé, notre groupe de travail s’attachera en 2008 à :
- poursuivre l’atteinte de nos objectifs intermédiaires et dynamiser les axes de travail non encore investis,
- mettre en place une action d’information et de communication sur les maladies cardio-vasculaires pour une prise de conscience de l’ampleur de cette épidémie silencieuse,
- travailler sur le concept d’éducation thérapeutique du patient.
Madame Tardieu, inspecteur principal à la DRASS chargée du GRSP |
PSA > Pourriez-vous vous présenter en quelques mots ?
MT > Je suis Inspectrice principale à la Direction régionale des affaires sanitaires et sociales d’Auvergne (DRASS). J’ai en charge le domaine Santé publique et prévention de la Direction régionale et départementale des affaires sanitaires et sociales du Puy-de-Dôme.
Je suis également directrice adjointe du Groupement régional de santé publique (GRSP).
Après un long parcours au sein de la fonction publique territoriale où j’ai contribué au développement d’actions sociales (Conseil général de l’Allier, Centre communal d’action sociale de Clermont-Ferrand, etc.) j’ai intégré les services de l’État avec un premier poste à la DRASS de Nancy. Chargée de mission « Politique de santé », j’ai découvert aux côtés du directeur de la DRASS et grâce à des collaborations avec l’École de santé publique un domaine qui depuis me passionne.
Après cette expérience enrichissante, je suis revenue dans notre belle région d’Auvergne, région à laquelle je suis très attachée.
Actuellement, j’ai la chance de travailler au niveau national et international, ce qui me permet de découvrir d’autre conceptions et modes d’organisation de la prévention.
PSA > Qu’est ce que le GRSP ?
MT > Le GRSP est prévu par la loi du 9 août 2004 fondatrice de la nouvelle politique régionale de santé publique. Son statut juridique est ainsi défini :
« Personne morale de droit public dotée de l’autonomie administrative et financière, constituée sous la forme d’un groupement d’intérêt public (GIP). »
Il se compose obligatoirement de :
- l’État et ses établissements publics,
- l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH),
- l’Union régionale des Caisses d’Assurances Maladies (URCAM) et la Caisse régionale d’Assurance Maladie (CRAM)
Peuvent s’ajouter : la région, les départements, communes ou groupements de communes qui le souhaitent.
En Auvergne, les quatre Conseils généraux ont adhéré au Groupement, ainsi que 32 communes et leurs groupements.
Le GRSP est administré par un conseil d’administration, présidé par le Préfet de Région.
Le directeur du GRSP Auvergne est monsieur Celdran, directeur régional des Affaires sanitaires et sociales.
PSA > Le rôle et les missions du GRSP ?
MT > Le GRSP est la cheville ouvrière de la santé publique régionale.
A ce titre le GRSP :
- met en œuvre les programmes du Plan régional de santé publique (PRSP),
- décide des projets éligibles à un financement,
- développe les coopérations,
- coordonne les acteurs de l’observation sanitaire et sociale et détermine un programme d’études et de statistiques,
- évalue les programmes.
Pour ce faire, le GRSP s’appuie sur ses trois partenaires (État, Assurance Maladie, collectivités locales) mais développe aussi des coopérations avec tous les acteurs de la santé de la région qui contribuent à la promotion de la santé. Son mode d’organisation privilégie une approche de la santé intersectorielle et un décloisonnement des institutions.
Je tiens à préciser que les points forts du GRSP seront de disposer à l’échelle de chaque pays (territoire de projets) des données sanitaires et sociales, de pouvoir recenser et observer toutes les actions de prévention santé et de «territorialiser» cette observation. Ceci devra permettre, à terme, de développer des actions de santé ciblées sur les pays moins bien pourvus. Notre rôle est bien évidemment d’évaluer les actions, de recenser les besoins, d’identifier et d’encourager les capacités d’initiative des promoteurs d’actions.
En résumé le rôle du GRSP c’est d’animer, de développer et de financer des actions de santé publique.
PSA > Depuis quand est-il crée ?
MT > En Auvergne il a été mis en place par un arrêté du 20 novembre 2006. Son siège est actuellement à la DRASS.
PSA > Quelles sont ses modalités de fonctionnement ?
MT > Comme je l’indiquais précédemment, il est composé d’un conseil d’administration, instance de pilotage et de décision, mais également de 2 instances techniques « le comité des programmes » et son bureau.
Le CA comprend 25 membres et se réunit au moins deux fois par an afin de se prononcer en particulier sur :
- le programme annuel d’activités et le budget,
- les décisions de financement et les conventions liées à la mise en œuvre du PRSP,
- les créations d’emploi.
Le comité des programmes est animé par le directeur du GRSP.
Son rôle est d’organiser concrètement les grandes lignes de la mise en œuvre du Plan régional de santé publique (recenser, prioriser, et financer les actions, identifier les manques, proposer des promoteurs d’actions et des stratégies d’actions, etc.)
Il est composé des 13 représentants des programmes (voir liste des programmes), des membres de son bureau et peut s’étendre à des personnes invitées et des experts.
Le bureau est composé de 6 membres :
- 1 président - directeur du GRSP,
- 2 directeurs des organismes de Sécurité sociale (CPAM 63, MSA),
- 2 directeurs de collectivités locales (1 conseil général, 1 commune ou groupement de communes),
- 1 directeur d’une DDASS (DDASS 03).
Il est important de mentionner que, pour exercer ses missions, le GRSP dispose d’une équipe rapprochée composée de la directrice adjointe et de collaborateurs provenant des services de l’État et de l’Assurance Maladie (URCAM, CRAM).
Cette équipe rapprochée fait également appel à des instructeurs départementaux (CPAM, DDASS).
PSA > Comment est-il financé ? A quelle hauteur ?
MT > Les sources de financement proviennent de l’État et de l’Assurance Maladie (tous régimes). Son budget pour l’année 2007se monte à 4 792 731 euros.
PSA > Combien de dossiers avez-vous financés en 2007 ?
MT > L’appel à projets 2007 a été entièrement dématérialisé.
Cette première année, nous avons instruit 350 dossiers s’inscrivant tous dans un des programmes du Plan régional de santé publique. 61 dossiers ont fait l’objet d’un rejet dont les motifs seront notifiés.
227 dossiers ont été inscrits en liste prioritaire et 24 en liste complémentaire soit un total de 251 dossiers financés. 26 dossiers ont été réorientés vers d’autres financements et 5 dossiers seront susceptibles d’être réexaminés.
PSA > Quels sont les principes du PRSP et quels en sont les axes régionaux prioritaires ?
MT > Le Plan régional de santé publique constitue un cadre de planification régionale de santé publique. Les objectifs de santé retenus par le PRSP sont définis sur la base d’un diagnostic régional partagé, portant sur l’état de santé de la population, le bilan des actions en cours et les ressources disponibles pour mettre en œuvre ces actions.
Le PRSP Auvergne est bâti autour de quatre grands axes qui se déclinent en 13 programmes.
Axes |
Programmes |
Préserver le capital santé des populations auvergnates |
- Maladies cardio-vasculaires
- Cancer
- Suicide
- Addictions
- Accidents (violence routière, accidents de la vie)
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Améliorer les réponses de santé offertes aux populations vulnérables |
- Personnes âgées, personnes handicapées
- Population en situation de précarité
- Impact des violences sur la santé (femmes, enfants)
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Agir sur les milieux de la vie |
- Santé environnement
- Santé au travail
- Santé scolaire
- Sport et santé
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Mettre en place des organisations de santé |
- Alerte et gestion des situations d'urgence sanitaire
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PSA > Quel est le rôle que peuvent jouer les professionnels de santé dans le GRSP ?
MT > L’Union régionale des médecins libéraux (URML) est représentée au sein du Conseil d’administration.
Les professionnels de santé sont représentés dans les groupes de travail des différents programmes. Leur connaissance des besoins de prévention est utile à la détermination des actions prioritaires pour la région. Ils sont également source de propositions d’actions. Ainsi, l’URML a proposé une action « capital cœur » à destination des professionnels de santé et de leurs patients de plus de 45 ans. En effet, les professionnels de santé sont un relais essentiel des messages de prévention car ils ont la confiance de leurs patients.
PSA > Comment doit-on procéder pour obtenir des fonds dans le cadre du GRSP ?
MT > Les différents promoteurs d’action de prévention qui désirent obtenir des financements dans le cadre du GRSP doivent répondre à un appel à projets. Cet appel à projets (en ligne sur les sites de la DRASS et de URCAM) doit permettre aux promoteurs de présenter les objectifs de l’ (ou des) action (s), les publics ciblés, le territoire, les évaluations mises en place. Ces actions doivent impérativement figurer parmi les axes prioritaires du PRSP.
A noter que le prochain appel à projets est fixé à l’automne 2007 pour des actions financées et mises en place en 2008.
PSA > Quelles sont les perspectives 2008 ?
MT > Outre l’appel à projets lancé en 2007 par anticipation pour des actions programmées en 2008 les perspectives concernent :
- l’intégration du régime social des indépendants (RSI),
- le maintien de la dématérialisation de l’appel à projets en améliorant le dossier du promoteur,
- le lancement des appels d’offres ciblés sur des actions prioritaires définies par les comités de pilotage des programmes,
- la mise en place de la saisie des évaluations en ligne,
- la définition d’un programme pluriannuel d’évaluation externe,
- le rapprochement entre instructeurs et promoteurs pour l’accompagnement du projet.
Consultez, sur le site de la DRASS l’ensemble des projets financés par le GRSP en 2007. (Rubrique : à la une / Groupement Régional de santé publique/Résultats de l'appel à projets GRSP 2007).
DRASS d’AUVERGNE
60, avenue de l’Union Soviétique
63057 Clermont-Ferrand Cedex 1
Secrétariat du GRSP : 04 73 74 49 29
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