N° 17 - Juillet/Août 2006

Dépistez les petits

Une trentaine de chirurgiens dentistes a répondu à l'invitation du CDFPO du Cantal (Comité départemental de formation permanente odontologique) ce jeudi 22 Juin.
La formation était consacrée au "dépistage des dysfonctions orofaciales chez l'enfant par l'omnipraticien".

Mme Thérèse Beauvallet (orthophoniste) et Mme le docteur Seninge-Lamy (chirurgien-dentiste) sont intervenues chacune dans leur spécialité et ont ensuite répondu aux questions des praticiens.

L'orthophoniste travaille sur prescription d'un médecin, d'un chirurgien-dentiste ou d'un spécialiste en ODF qui dépiste le trouble. Il ou elle pratique un "bilan de la déglutition et des fonctions oro-myo-fonctionnelles" (selon NGAP). Différentes fonctions sont intriquées avec celle de la déglutition : la respiration, la mastication, la posture linguale de repos et l'articulation du langage. Un déséquilibre fonctionnel musculaire peut amener des déformations osseuses et des malpositions dentaires qui engendreront peut-être des prises en charge de traitements plus lourds, plus longs et plus coûteux. D'où l'importance de savoir dépister les dysfonctions chez les petits patients… "

  • Le bilan effectué par l'orthophoniste comporte d'abord un interrogatoire, entre autre, sur la prise de biberons, succion du pouce, tétine, doudou, si l'enfant bave ou ronfle la nuit, s'il dort sur le ventre, s'il est enrhumé souvent, s'il est allergique aux pollens et graminées,
  • puis l'examen proprement dit : l'orthophoniste observe la langue (si elle est sur le devant de la bouche, étalée ou festonnée, tonique, mobile, si son frein est court), la respiration (bouche ouverte ou nasale), la déglutition (examen de la contraction des lèvres, joues, menton, des muscles masséters...) et l'articulation (interposition linguale lors des " s " et " z "…).
  • Le bilan conclut ou pas à une dysfonction et le praticien, après avoir répertorié les points à travailler, peut commencer la rééducation…avec bien sûr la coopération de l'enfant …

La rééducation de la déglutition concerne :

  • les enfants qui gardent tardivement un biberon, une tétine ou leur pouce,
  • les enfants qui n'ont pas acquis une respiration nasale à cause d'un encombrement des voies respiratoires,
  • les patients pour qui le traitement orthodontique et/ou chirurgical n'a pas corrigé un déséquilibre musculaire et fonctionnel,
  • les adultes pour qui une dysfonction a amené des problèmes parodontaux ou douloureux (pulsion linguale forte qui entraîne une proalvéolie évolutive, déséquilibre musculaire qui en s'aggravant provoque l'apparition d'une algo dysfonction de l'ATM).

L'âge idéal de la première consultation vers l'orthodontiste se situe vers 5/6 ans. Elle permet de dépister au niveau dentaire les verrouillages d'occlusion, les caries dont les soins permettront d'éviter les extractions précoces, les retards d'évolution dentaire, les malocclusions, les habitudes déformantes (pouce, tétine), les problèmes de ventilation, les troubles de langage et de prononciation qui amèneront à travailler avec l'orthophoniste…

Après 6 ans, en denture mixte, il existe quelques signes d'alerte qui doivent faire adresser un petit patient vers l'orthodontiste :

  • l'expulsion de 2 dents lactéales pour la mise en place d'une définitive,
  • les incisives définitives en bouquet (signe de Quintero) sur une panoramique,
  • absence de diastème antérieur,
  • la résorption des 2èmes molaires lactéales et la mise en place des 1ères molaires définitives,

Ce que peut faire l'omnipraticien :

  • dépister le plus tôt possible,
  • si l'enfant présente 2 arcades sans aucune abrasion physiologique, meuler les pointes des canines lactéales,
  • s'il faut extraire une ou plusieurs dents lactéales, poser des mainteneurs d'espace,
  • ne pas faire d'extractions pilotées : la dent a un rôle important dans la croissance osseuse,
  • ne pas attendre 12 ans ou la mise en place des dents définitives pour adresser les jeunes patients qui sont dépistés.

Les traitements précoces permettent d'empêcher l'aggravation d'une dysfonction qui pourrait se fixer en dysmorphose et nécessiter plus tard de l'orthodontie plus lourde, voire de la chirurgie…
Dans le sens transversal, citons le Quadhélix (au maxillaire supérieur en baguant 16/26), le Bihélix mandibulaire, qui font de l'expansion et permettent de régler les inversés d'articulé. Pour lutter contre une asymétrie, on meule les contacts prématurés (canines de lait) ou on place une plaque à vérin. Dans le sens saggital, pour la Classe II/1 (proalvéolie et béance incisive) la rééducation de la déglutition et de la tonicité labiale par un orthophoniste est le traitement précoce. Pour les classes II/2 et les vraies classes III génétiques, il n'existe pas de traitement précoce sauf à travailler sur l'environnement fonctionnel (muscles faciaux, respiration, freins, etc.) .La pseudo classe III, qui est due à un proglissement mandibulaire et une posture basse de la langue, peut amener à faire de l'expansion pour que la langue retrouve son espace ou envoyer vers un spécialiste ORL s'il y a un véritable obstacle respiratoire (amygdales hypertrophiques, absence de respiration nasale).

Dans le sens vertical, il s'agit de stopper les habitudes déformantes du jeune patient (pouce, tétine…) et éventuellement de mettre en place une rééducation linguale.

Le rôle du chirurgien-dentiste omnipraticien est très important dans le dépistage des dysfonctions orofaciales, et la consultation obligatoire pour les 6 ans devrait lui permettre de renforcer son action de prévention. Il doit aussi pouvoir travailler en collaboration avec les différents professionnels de santé concernés, comme les orthodontistes, les médecins ORL et les orthophonistes.


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