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Dépistez
les petits
Une trentaine
de chirurgiens dentistes a répondu à l'invitation du CDFPO du Cantal
(Comité départemental de formation permanente odontologique) ce
jeudi 22 Juin.
La formation était consacrée au "dépistage des dysfonctions orofaciales
chez l'enfant par l'omnipraticien".
Mme Thérèse
Beauvallet (orthophoniste) et Mme le docteur Seninge-Lamy (chirurgien-dentiste)
sont intervenues chacune dans leur spécialité et ont ensuite répondu
aux questions des praticiens.
L'orthophoniste
travaille sur prescription d'un médecin, d'un chirurgien-dentiste
ou d'un spécialiste en ODF qui dépiste le trouble. Il ou elle pratique
un "bilan de la déglutition et des fonctions oro-myo-fonctionnelles"
(selon NGAP). Différentes fonctions sont intriquées avec celle de
la déglutition : la respiration, la mastication, la posture linguale
de repos et l'articulation du langage. Un déséquilibre fonctionnel
musculaire peut amener des déformations osseuses et des malpositions
dentaires qui engendreront peut-être des prises en charge de traitements
plus lourds, plus longs et plus coûteux. D'où l'importance de savoir
dépister les dysfonctions chez les petits patients… "
- Le bilan
effectué par l'orthophoniste comporte d'abord un interrogatoire,
entre autre, sur la prise de biberons, succion du pouce, tétine,
doudou, si l'enfant bave ou ronfle la nuit, s'il dort sur le ventre,
s'il est enrhumé souvent, s'il est allergique aux pollens et graminées,
- puis l'examen
proprement dit : l'orthophoniste observe la langue (si elle est
sur le devant de la bouche, étalée ou festonnée, tonique, mobile,
si son frein est court), la respiration (bouche ouverte ou nasale),
la déglutition (examen de la contraction des lèvres, joues, menton,
des muscles masséters...) et l'articulation (interposition linguale
lors des " s " et " z "…).
- Le bilan
conclut ou pas à une dysfonction et le praticien, après avoir
répertorié les points à travailler, peut commencer la rééducation…avec
bien sûr la coopération de l'enfant …
La
rééducation de la déglutition concerne :
- les enfants
qui gardent tardivement un biberon, une tétine ou leur pouce,
- les enfants
qui n'ont pas acquis une respiration nasale à cause d'un encombrement
des voies respiratoires,
- les patients
pour qui le traitement orthodontique et/ou chirurgical n'a pas
corrigé un déséquilibre musculaire et fonctionnel,
- les adultes
pour qui une dysfonction a amené des problèmes parodontaux ou
douloureux (pulsion linguale forte qui entraîne une proalvéolie
évolutive, déséquilibre musculaire qui en s'aggravant provoque
l'apparition d'une algo dysfonction de l'ATM).
L'âge
idéal de la première consultation vers l'orthodontiste
se situe vers 5/6 ans. Elle permet de dépister au niveau dentaire
les verrouillages d'occlusion, les caries dont les soins permettront
d'éviter les extractions précoces, les retards d'évolution dentaire,
les malocclusions, les habitudes déformantes (pouce, tétine), les
problèmes de ventilation, les troubles de langage et de prononciation
qui amèneront à travailler avec l'orthophoniste…
Après
6 ans,
en denture mixte, il existe quelques signes d'alerte qui doivent
faire adresser un petit patient vers l'orthodontiste :
- l'expulsion
de 2 dents lactéales pour la mise en place d'une définitive,
- les incisives
définitives en bouquet (signe de Quintero) sur une panoramique,
- absence de
diastème antérieur,
- la résorption
des 2èmes molaires lactéales et la mise en place des 1ères molaires
définitives,
Ce que peut
faire l'omnipraticien :
- dépister
le plus tôt possible,
- si l'enfant
présente 2 arcades sans aucune abrasion physiologique, meuler
les pointes des canines lactéales,
- s'il faut
extraire une ou plusieurs dents lactéales, poser des mainteneurs
d'espace,
- ne pas faire
d'extractions pilotées : la dent a un rôle important dans la croissance
osseuse,
- ne pas attendre
12 ans ou la mise en place des dents définitives pour adresser
les jeunes patients qui sont dépistés.
Les
traitements précoces permettent d'empêcher l'aggravation
d'une dysfonction qui pourrait se fixer en dysmorphose et nécessiter
plus tard de l'orthodontie plus lourde, voire de la chirurgie…
Dans le
sens transversal, citons le Quadhélix (au maxillaire supérieur en
baguant 16/26), le Bihélix mandibulaire, qui font de l'expansion
et permettent de régler les inversés d'articulé. Pour lutter contre
une asymétrie, on meule les contacts prématurés (canines de lait)
ou on place une plaque à vérin. Dans le sens saggital, pour la Classe
II/1 (proalvéolie et béance incisive) la rééducation de la déglutition
et de la tonicité labiale par un orthophoniste est le traitement
précoce. Pour les classes II/2 et les vraies classes III génétiques,
il n'existe pas de traitement précoce sauf à travailler sur l'environnement
fonctionnel (muscles faciaux, respiration, freins, etc.) .La pseudo
classe III, qui est due à un proglissement mandibulaire et une posture
basse de la langue, peut amener à faire de l'expansion pour que
la langue retrouve son espace ou envoyer vers un spécialiste ORL
s'il y a un véritable obstacle respiratoire (amygdales hypertrophiques,
absence de respiration nasale).
Dans le sens
vertical, il s'agit de stopper les habitudes déformantes du jeune
patient (pouce, tétine…) et éventuellement de mettre en place une
rééducation linguale.
Le rôle du chirurgien-dentiste
omnipraticien est très important dans le dépistage des dysfonctions
orofaciales, et la consultation obligatoire pour les 6 ans devrait
lui permettre de renforcer son action de prévention. Il doit aussi
pouvoir travailler en collaboration avec les différents professionnels
de santé concernés, comme les orthodontistes, les médecins ORL et
les orthophonistes.
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