ALD
: Une implication pour tous !!
30 affections
de longue durée (ALD) permettent d'ouvrir droit à l'exonération
du ticket modérateur. Elles regroupent 400 pathologies. Cet ensemble
recouvre une grande hétérogénéité de situations en matière de gravité,
de chronicité, d'âge et de pronostic vital.
Environ 7 millions
de personnes bénéficient du dispositif des ALD (tous régimes confondus).
L'âge moyen d'un patient en ALD est de 61 ans. Les admissions ont
crû de 46 % entre 1990 et 2002. Le flux annuel d'entrées varie de
750 000 à 900 000 bénéficiaires.
La gestion
des ALD représente un enjeu majeur de santé publique et de maîtrise
médicalisée des dépenses de santé.
En 2004, 28,6
% des dépenses de soins de ville soit 15,6 milliards d'euros étaient
liées à la prise en charge des ALD. La majorité des malades et des
coûts se répartissent sur 4 groupes de pathologie :
- les maladies
cardio-vasculaires y compris l'hypertension artérielle (environ
3 millions de personnes),
- les tumeurs
malignes (environ 1,4 millions de personnes),
- le diabète
(environ 1,3 millions),
- les maladies
psychiatriques (environ 1 million).
Alors que l'exonération
du ticket modérateur ne concerne que les actes et prestations nécessités
par le traitement de l'affection, on estime que 10 à 15 % des lignes
de prescriptions médicamenteuses sont prises en charge à tort à
100 % au titre des affections de longue durée, alors qu'elles auraient
du être remboursées au taux indiqué sur la vignette.
La croissance
attendue du nombre de bénéficiaires, l'importance de l'enjeu de
santé publique et les limites du dispositif précédent ont notamment
conduit :
- le législateur
à redéfinir la protocolisation des soins dans le sens d'une gestion
plus rigoureuse et plus active de la prise en charge,
- les partenaires
conventionnels à inscrire un objectif de maîtrise médicalisée
d'une baisse de 5 points de la part des prescriptions exonérées
en 2005 (soit 455 millions d'euros d'économie) grâce à une meilleure
application de la réglementation (ordonnance bizone).
Cet objectif
représente la moitié de l'objectif global de maîtrise médicalisée
de la convention du 12 février 2005. La réforme et la convention
médicale permettent ainsi de donner une nouvelle impulsion à la
gestion des ALD en donnant à l'Assurance Maladie l'occasion de mettre
en place une véritable politique de gestion des pathologies (1),
levier d'amélioration de la qualité et de l'efficience des soins
pour cette population spécifique, comme l'y a incité le Haut Conseil
pour l'avenir de l'Assurance Maladie.
(1)
Haut conseil pour l'avenir de l'Assurance Maladie. Pour une prise
en charge efficiente des maladies dites affections de longue durée.
Consultez
l'avis du Haut Conseil pour l'avenir de l'Assurance Maladie du 28
avril 2005
Le nouveau
protocole de soins constitue un outil essentiel de cette nouvelle
dynamique.
La loi du 13
août 2004, en modifiant l'article L 324-1 du code de la Sécurité
sociale (CSS), apporte trois innovations concernant le protocole
de soins :
- il tient
compte des recommandations établies par la Haute Autorité de santé,
de l'état de santé du patient et des avancées thérapeutiques.
Il est de ce fait révisable à tout moment,
- lors de l'établissement
des documents nécessaires au remboursement ou à la prise en charge,
les médecins consultés devront attester avoir pris connaissance
du protocole et que les prescriptions sont conformes au protocole.
Le protocole
de soins ainsi redéfini permet une meilleure circulation de l'information
et une meilleure coordination entre le médecin traitant et les médecins
spécialistes qui suivent les patients en ALD.
1.
Son élaboration consacre le rôle du médecin traitant
Le nouveau protocole
ALD est élaboré par le médecin traitant après en avoir informé son
patient, en concertation le cas échéant avec le ou les médecins
correspondants en charge de la pathologie concernée.
Le médecin traitant,
qu'il soit généraliste ou spécialiste, rédige et tient à jour le
protocole de soins. Le médecin spécialiste correspondant contribue
à la construction du protocole en liaison avec le médecin traitant.
Les modalités de son intervention dans la prise en charge du patient
y sont décrites, notamment lorsqu'il est préconisé un suivi itératif.
Le médecin traitant
actualise le protocole de soins en fonction de l'évolution de l'état
de santé du malade, des avancées thérapeutiques et des recommandations
établies par la Haute Autorité de Santé.
2.
Il s'appuie sur des recommandations de la Haute Autorité de Santé
Le protocole
de soins définit de manière beaucoup plus précise les traitements
en s'appuyant sur des recommandations. La Haute Autorité de Santé
publiera des recommandations par pathologies à partir de début 2006
(premiers référentiels attendus sur l'HTA, le diabète et les hépatites).
Dans cette attente, les recommandations de bonne pratique publiées
par l'ANAES peuvent être utilement consultées, comme les référentiels
de la communauté scientifique et médicale afin de faire bénéficier
au malade des données acquises de la science conformément aux dispositions
des articles R 4127-8 et R 4127-32 du code la santé publique.
Les missions
dévolues à la HAS dans le domaine des affections de longue durée
sont définies à l'article R 161-71 CSS :
- émettre
un avis sur les décrets fixant la liste des affections de longue
durée prévue à l'article L. 322-3 ainsi que faire des recommandations
sur les critères médicaux définissant ces affections,
- formuler
des recommandations "sur les actes et prestations nécessités par
le traitement de ces affections ainsi que sur les conditions dans
lesquelles doivent être réalisés ces actes et prestations notamment
leur fréquence de réalisation, la durée de validité du protocole
et les actes et prestations que ne nécessite pas, d'une manière
générale, le traitement des affections en cause".
3.
C'est un outil au service de la circulation de l'information pour
une prise en charge des ALD plus efficiente
Le protocole
est signé par les trois parties : médecin traitant, médecin-conseil
et assuré. Cette signature valide les engagements respectifs de
chacun des acteurs. Il permet l'information de l'assuré et des différents
praticiens consultés sur les actes et prestations nécessaires au
traitement de l'affection et pris en charge à 100 % à ce titre.
L'opportunité
de faire figurer le diagnostic de la maladie sur le volet remis
au patient est appréciée par le médecin rédacteur. Le patient est
libre d'accepter ou de refuser que le diagnostic figure sur son
volet.
Le patient doit
présenter son volet (sauf en cas d'urgence) à chaque consultation
d'un médecin concerné par la prise en charge de l'ALD exonérante.
Le bénéfice des avantages liés au parcours de soins est conditionné
par cette présentation. Le médecin consulté atteste de cette présentation
sur sa feuille de soins. Cette obligation ne concerne pas les autres
professionnels de santé (pharmacien, infirmier, kinésithérapeute,
etc.).
4.
C'est un outil majeur pour les actions de gestion du risque
La loi du 13
août 2004 met en place différents leviers permettant d'agir sur
les dépenses remboursées au titre des affections de longue durée
:
- le protocole
de soins (article 6),
- la consultation
en ligne du protocole de soins par les médecins et sa dématérialisation
(article 21),
- la possibilité
de sanctions financières, vis-à-vis des professionnels de santé,
établissements, assurés, employeurs pour tout manquement aux règles
du code de la sécurité sociale (article 23),
- la possibilité
de récupération d'indus auprès des assurés (article 29).
Le protocole
de soins est un dispositif majeur sur lequel s'appuient toutes les
actions visant à s'assurer du respect du périmètre de soins pris
en charge à 100 %. Il constitue le seul document opposable à l'assuré
et garantit donc le patient de la médicalisation des actions tendant
à réguler les dépenses de santé.
5.
C'est un outil pour asseoir notre communication autour de la prise
en charge des ALD exonérante
Le positionnement
de l'Assurance Maladie sur cette réforme est de montrer qu'elle
permet :
- une meilleure
circulation de l'information,
- une meilleure
coordination des soins et donc une meilleure prise en charge globale
(physique, psychologique et financière) en s'appuyant sur une
meilleure compréhension des règles de prise en charge.
Il convient
de souligner que le protocole de soins est une avancée pour la santé
du patient :
- il est "médicalement"
reconnu de tous puisque élaboré de manière concertée entre médecin
traitant, médecins correspondants et médecin-conseil de l'Assurance
Maladie,
- il est évolutif
(révisable à tout moment),
- il permet
une meilleure circulation de l'information entre le patient, les
médecins concernés et l'Assurance Maladie pour un meilleur suivi
médical (intervenants, nature des soins portés à la connaissance
de tous y compris du patient).
En définitive,
une meilleure gestion commune (professionnels de santé/Assurance
Maladie) des ALD offre la garantie d'un juste exercice de la solidarité
nationale, et à ce jour une piste majeure de maîtrise médicalisée
de l'évolution des dépenses de santé.
|